La dizaine 103 : Tip top ; Tirez la langue, mademoiselle ; The swimmer ; Contre-enquête ; Je pense à vous ; 9 mois ferme ; Berlin express ; Coq de combat ; Effi Briest ; Jasmine.

Tip Top (Septembre 2013) de Serge BOZON : belle surprise que cette comédie policière qui bouscule la forme classique pour en faire une comédie surréaliste et burlesque, s'affranchissant des codes pour aller à l'essentiel. On pense à RESNAIS ou à DUMONT avec sa mini-série P'tit Quinquin. Les acteurs s'en donnent à cœur joie !

Tirez la langue, mademoiselle (Septembre 2013) d'Axelle ROPERT : deux frères médecins en banlieue parisienne tombent amoureux d'une patiente. Cette histoire somme toute banale dans le cinéma est surtout pour la réalisatrice une occasion de raconter les liens qui se tissent dans la diversité du microcosme d'un quartier de banlieue tout comme dans les patients que visitent presque quotidiennement les deux médecins. Sans toutefois négliger le trio amoureux, occasion avec sensibilité de révéler la complexité des sentiments. Une œuvre sincère et touchante.

The swimmer (1968) de Franck PERRY : film charnière entre le cinéma hollywoodien d'après guerre globalement conformiste et vecteur culturel de l'American way of life et le cinéma des années 68-80 dit Nouvel Hollywood où les réalisateurs sont rois et qui va de Le lauréat de Mike NICHOLS à Les portes du paradis de Mickael CIMINO qui va voir les portes des finances se fermer aux auteurs-réalisateurs-producteurs indépendants et la reprise en main par la finance pour porter une culture de la réussite individuelle et impérialiste de l'Amérique de REAGAN.

Charnière car il annonce autant la fin d'un monde que la naissance d'un nouveau, autant d'un point de vue formel que narratif. Tout est parfait et c'est un film dont la valeur est injustement sous-estimé. Une pièce importante de l'histoire du cinéma.

Contre-enquête (1990) de Sydney LUMET : scénario relativement classique pour qui connait LUMET. Néanmoins, cela reste toujours aussi efficace.  Sublimement joué par Nick NOLTE et Armand ASSANTE, la tension est constamment présente. Corruption et racisme sont les fléaux d'un monde dans lequel des gens de bonnes volonté tentent malgré tout de maintenir un tant soit peu de justice dans la mesure des moyens que la politique leurs donne. A noter la présence parmi la mafia italienne de l'acteur qui jouera Jo, l'oncle de Tony dans Les Soprano.

Je pense à vous (2006) de Pascal BONITZER : relations toxiques dans le milieu littéraire parisien. Classique mais valse des sentiments plutôt bien maitrisée.

9 mois ferme (Octobre 2013) d'Albert DUPONTEL : partagé entre film caricatural et conte moderne. A vous de voir.

Berlin express (1948) de Jacques TOURNEUR : première production américaine dans la zone internationale de Berlin, ce film d'espionnage est par certains côtés, notamment l'utilisation d'images de Berlin en ruine, un film documentaire. Le réalisateur, passé maître du fantastique et du mystérieux, saura utiliser avec merveille le potentiel de ces ruines et son pendant par les décors associés. On peut reprocher son penchant final plutôt propagandiste qui fait du héros américain le chevalier blanc dans un panier de crabes. Le troisième homme de Carol REED saura quant à lui être beaucoup plus proche de la réalité des rapports de forces et des enjeux que représentaient la zone internationale de Berlin qui aboutira à la construction du mur.

Coq de combat (2007) de Soi CHEANG : je comprends que comme moi vous puissiez être curieux de connaître une version live de ce magnifique manga...mais laissez tomber, c'est extrêmement décevant. Je vous aurai prévenu ;-)

Effi Briest (1974) de Reiner Werner FASSBINDER : magnifique adaptation d'un roman classique du type d'Anna Karénine ou Madame Bovary. Par une photographie tout en noir et blanc et un contraste augmenté par les costumes, le réalisateur rend palpable la vie grise et monotone de la vie bourgeoise et l'étau implacable de la morale et de l'éducation qui va tout doucement la faire mourir à petit feu. Encore une merveille de FASSBINDER.

Jasmine (Octobre 2013) d'Alain UGHETTO : magnifique œuvre d'amour qui par les circonstances de la vie n'a pu se poursuivre l'un avec l'autre. Peut-être celle-ci a-t-elle permis qu'enfin ils se retrouvent.